Celui qui consultera les vingt items de la bibliographie du rapport de l’Académie de Médecine « Psychothérapies : une nécessaire organisation de l’offre », devra avant tout se rappeler, qu’en 2002, celle-ci crée un "groupe de travail sur la pratique de la psychothérapie", qui aboutit, en juillet 2003, à un rapport signé par les Prs. P. Pichot et J.F. Allilaire. Ce rapport conclut à un certain nombre de recommandations qui convergent vers l’encadrement médical de la psychothérapie. Sur le site internet de cette institution, un compte rendu de la séance du 1er juillet 2003, signé des mêmes, se conclut ainsi : « L’avenir de la Santé Mentale passe par une réflexion approfondie sur l’intégration des approches psychothérapiques et biologiques dans les pratiques de soins ». Ce rapport sera alors cité lors de la séance de l’Assemblée nationale où est débattu l’amendement du député Accoyer.
Que trouve-t-on dans cette bibliographie ? Une publication de psychologie éditée dans le Wisconsin (USA) ; douze autres publications « neuros » : neuropharmacologie, neuropsychiatrie, neurothérapie, neurosciences, neuropsychologie ; une publication de Santé Mentale québécoise ; l’expertise Inserm de 2004 (!) ; un lien qui renvoie sur une page désactivée de la communauté européenne ; le rapport IGAS de 2019 ; un livre sur la neuropsychologie et les troubles anxieux. Douze de ces publications sont en langue angloïde.
Le sérieux aurait-il déserté l’Académie de médecine ? Prendre parti a priori, – assis sur un de ses préjugés d’il y a presque vingt ans – pose déjà question, pour cet aéropage qui brandit la science comme étendard. Mais, sous ce prétexte, se refuser à actualiser ses informations en resservant le rapport INSERM daté de 2004 quand d’autres études ont été produites depuis, tient de l’escamotage institué.
En voici trois études plus récentes, dont l’Académie de médecine semble n’avoir pas eu connaissance : Visentini G. « Quinze ans après le rapport de l’INSERM, L’efficacité de la psychanalyse ré-évaluée » in : Évolution psychiatrique n°83
Visentini G. L'efficacité de la psychanalyse. Un siècle de controverses, Paris, PUF, 2021 Rabeyron T. « L’évaluation et l’efficacité des psychothérapies psychanalytiques et de la psychanalyse » in : Évolution psychiatrique, n° 86 (3), 2021, p.12.
A l’inverse, il convient de souligner la « Neuro-pathie » qui accable ces académiciens.
NEURO-PATHIE TROUBLANTE CHEZ CES ACADEMICIENS
L’un des articles s’intitule « Comment la psychothérapie modifie le cerveau – L’apport de la neuro-imagerie fonctionnelle » de Linden DEJ, paru dans Molecular Psychiatry. L’auteur enquête sur « les effets neuronaux de la psychothérapie », s’agissant des effets de la thérapie cognitivo-comportementale dans le cas du « trouble obsessionnel » (diminution du métabolisme dans le noyau caudé droit), et dans le cas de la phobie (diminution de l'activité dans les zones limbiques et paralimbiques).
Il s’agit ici de trouver « des points communs dans les mécanismes biologiques de la psychothérapie et de la pharmacothérapie », ce que ne manque pas de montrer, images scannérisées à l’appui, l’auteur tout du long de l’article. La confusion perpétrée dans cette démarche entre la parole, fut-elle celle du praticien cognitivo-comportemental, et le médicament, pour en attendre les mêmes effets sur le cerveau est consternante. Le sujet réduit à l’organisme et au cérébral, et dont on pose la parole comme instrument de modification du cerveau (!) Quel bel avenir on nous promet-là !
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