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Claire Ballongue

En avant tout(e) neuro !






La commission des affaires sociales du Sénat a publié le 31 mai dernier un rapport d’information intitulé « Les troubles du neurodéveloppement (TND) ». Il donne lieu à 12 recommandations. Le but de celles-ci : étendre et améliorer le dispositif autisme à l’ensemble des TND.

Ainsi, la lecture faite par les Psychologues freudiens de ce qui est en jeu avec les TND est malheureusement d’actualité. Les dispositifs mis en place pour le traitement de l'autisme font bien modèle. Ils deviennent le mode d’emploi à diffuser le plus largement possible.


Les auteurs du rapport font le constat d’une augmentation constante des troubles neurodéveloppementaux. L’action politique devient, de ce fait, nécessaire. Même si cette augmentation pourrait, nous disent-ils, être liée à la redéfinition nosographique du DSM 5, ce n’est pas ce point qui est retenu comme faisant cause, mais bien plutôt celui d’un meilleur repérage de ces troubles.

Deux facteurs de risque principaux sont pointés, l’un relevant de ce que l’on peut qualifier de déterminisme biologico-génético-social (existence de TND dans la famille), l’autre lié à la prématurité.


Les plateformes de coordination et d’orientation (PCO) ainsi que le forfait d’intervention précoce sont les leviers à partir desquels le « triptyque : repérage, diagnostic, interventions précoces » est construit.

Les auteurs du rapport relèvent quelques difficultés concernant ces dispositifs : manque de professionnels libéraux (qu’il soit dû au numerus clausus où aux tarifs proposés), délais d’attente trop importants dans les structures de ligne 2 (CAMSP, CMPP, CMP, SESSAD).


Néanmoins ils confirment et poursuivent obstinément les orientations choisies.

Le modèle des plateformes de coordination et d’orientation doit être pérennisé, nous dit-on.


Ce rapport nous replonge directement dans l’arrêté du 10 mars 2021 relatif à la définition de l’expertise spécifique des psychologues, qui définit comment le psychologue, s’il contractualise avec une PCO, est tenu de respecter les recommandations de bonnes pratiques professionnelles propres à chaque TND, de s’appuyer sur des programmes dits conformes et d’utiliser les outils et méthodes recommandés.

Nous nous souvenons à ce titre de la mobilisation de l’École de la Cause freudienne ainsi que de celle des Psychologues freudiens à l’occasion de la publication de cet arrêté.


Les professionnels libéraux deviennent dans la cinquième recommandation, des « professionnels de santé libéraux ». La logique de l’arrêté du 10 mars poursuit son chemin, tout comme celle du dispositif MonParcoursPsy, avec cette volonté de faire des psychologues des professionnels de santé...


« S'occuper enfin des adultes ! », nous dit-on au point 11. Le rapport souligne l’important manque de structures en France pour accueillir les adultes. Nous ne pouvons qu’être d'accord avec ce constat. Cependant, celui-ci devient le prétexte d’un véritable tour de passe-passe quand le rapport conclut à la nécessité de s’attacher au repérage, au diagnostic, à la prise en charge de ceux-ci. On part d’un manque de lieux d'accueil pour aboutir à la généralisation des méthodes et des pratiques inhérentes au tout-neuro.


La formation s’étend, à la recommandation 9, aux professionnels de la petite enfance et de l’Éducation nationale. Une même formation pour tous afin de « faire culture commune ». Il ne s'agit plus d'accueillir la singularité de chacun, mais bien de surfer sur la vague de la dépathologisation généralisée qui veut que la norme s'applique à tous. Voilà un autre tour de passe-passe qui vient mettre en exergue la norme et fait peu de cas de la possibilité d'un autre discours, celui de la psychanalyse notamment. Cela vient bien rendre compte du malaise croissant dans la civilisation...

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