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Karine Sousbaigné

PCO pour TND

Karine Sousbaigné


Depuis 2019, et dans le cadre de la Stratégie Nationale Autisme, les Agences Régionales de Santé mettent en place des Plateformes de Coordination et d’Orientation (PCO) dans le but de détecter au plus tôt chez l’enfant les Troubles du Neuro-Développement (TND)*.

Ainsi, un médecin traitant ou un pédiatre dispose d’une grille de repérage de signes d’alerte quant au développement de l’enfant, en « motricité, langage, socialisation, cognition, comportements émotionnel et sensoriel ». En cas d’ « écarts inhabituels » de développement par rapport aux enfants du même âge, il saisit la PCO (constituée de « professionnels compétents », médecins, pédopsychiatres), qui pourra solliciter l’intervention de nouveaux professionnels à même d’évaluer, de diagnostiquer et prendre en charge l’enfant. La PCO, d’abord conçue pour repérer précocement les troubles entre 0 et 6 ans, est désormais étendue pour concerner les enfants jusqu’à 12 ans. La PCO oriente la famille vers les soins à réaliser et lui remet une liste de médecins spécialistes, d’orthophonistes, mais aussi de psychomotriciens, ergothérapeutes, psychologues qui auront au préalable signé une convention avec la PCO qui assure le financement. Celle-ci fixe le cadre des interventions, celles du psychologue sont énoncées ainsi : il évalue en utilisant les échelles et tests prescrits, il adresse un compte-rendu à la plateforme après ses premières observations puis tous les trois mois si un suivi s’engage, il se rend aux concertations organisées par la plateforme, il applique le nombre et la fréquence des séances fixées par la PCO, et enfin il suit des formations prévues par la plateforme, car bien sûr la convention l’engage au respect des bonnes pratiques professionnelles, selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé. Rappelons que l’orientation analytique n’en fait pas partie.

Un tel cadre réduit le psychologue à un simple exécutant, à l’intérieur d’un dispositif qui ne fait pas de place à la dimension de la rencontre, ni à celle du sujet dans sa singularité. Le protocole, pour tous pareils, est contraignant pour l’enfant et sa famille auxquels on conteste le choix du professionnel, et pour le psychologue qui perd la liberté d’exercer selon son orientation éthique et théorique.

C’est ne pas avoir l’idée que le chemin vers un diagnostic d’autisme n’est jamais tracé à l’avance, que le soin passe par une rencontre, un lien transférentiel, un cadre à inventer sur mesure, sans préjuger à l’avance du temps, des modalités, des effets de cette rencontre.

Un dispositif aussi standardisé ne sied pas à la prise en charge du sujet autiste, sauf à concevoir l’autisme comme un trouble à corriger et à adapter, sauf à exclure le sujet lui-même de sa démarche de soins, sauf à s’en remettre à un expert qui sait et à envisager le sujet comme un cerveau à programmer, sauf à nier le champ de la parole et des possibilités qu’elle est capable d’ouvrir.

Ajoutons que le TND, qui inclut les troubles autistiques, les troubles du langage, les troubles dys, les Troubles du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH), repose sur une conception neuronale du psychisme, sans considération pour la dimension du symptôme, pour la relation problématique à l’autre et au langage qui pourtant incombe à chacun.

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